BJORK - CONCERT NUITS DE FOURVIERE 2012
Et oui, j'y étais. Les arênes de Fourvière...un endroit magique, l'un des meilleurs pour les concerts en France. Après 2h d'attente et après avoir à moitié râlé d'être dans la fosse, Björk entre sur scène. Il est 21h. Le concert est avancé d'1h pour qu'elle puisse prôtéger sa voix du froid nocturne. Björk apparaît coiffée d'une perruque orange ridicule posée à l'arrache. C'est la première fois que je la vois. Elle est à 4 mètres de moi. L'émotion m'envahit. Je ne pensais pas que ce serait à ce point. Je croise le regard ému de ma voisine, aussi surprise que moi dé réagir de la sorte. Je ne regrette plus d'être dans la fosse, même si je ne peux pas avoir cette vision d'ensemble de la scène que j'aime tant. Je rate des parties, des mouvements, des gestes. Mais qu'importe. C'est la première fois que je la vois en live. Malgré ses problèmes de nodules sur les cordes vocales, le fameux "Virus", elle a su adapter sa voix à sa nouvelle manière de chanter. Car elle prend des cours de chant depuis quelques temps pour étirer ses cordes vocales. J'ai senti que sa voix était différente. Elle ne la pousse pas pareil, c'est moins spontané que sur les albums que j'ai l'habitude d'écouter. C'est comme si elle se frénait. Mais je suis très pointilleuse et uen fois balayée de mon esprit, j'ai su apprécier toute la puissance et l'énergie qu'elle nous a envoyé pendant le concert.
J'ai beaucoup aimé la chorale islandaise Graduale Nobili qui l'accompagnait. Elle est composée uniquement de filles et elles étaient ravies d'être là, elles n'arrêtaient pas de sourire et de nous transmettre leur énergie et leur joie !!!
Si vous souhaitez un descriptif complet de ce concert lisez cet article.
Sur Nattura, on a eu droit à des explosions de volcans sur les 3 écrans
au fond de la scène avec des étincelles réelles face à nous.
Un sublime moment passé en duo entre Björk et le vituose Manu Delago
jouant du Hang sur le titre One Day en rappel à la fin du concert.
A la fin, on a dansé sur Declare Independance après l'avoir rappelée en chantant
le refrain de Pluto.
Max Weisel : electronics, programming, synthesizers, keyboards
Manu Delago : drums, percussion, hang, marimbas
Graduale Nobili : choir
Björk : vocals
Set list :
0. Intro
1. Cosmogony
2. Hunter
3. Thunderbolt
4. Moon
5. Hidden Place
6. Crystalline
7. Virus
8. All is Full of Love
9. Heirloom
10. Joga
11. Hollow
12. Pagan Poetry
13. Pluto
14. Mutual Core
15. Nattura
Rappel :
16. One Day
17. Declare Independance
Cette photo ci-dessous a été prise par Max Weisel de la scène.
Ci-dessous un extrait de l'article d'Alban Orsini le 16-10-2011 dans Culturopoing. Il décrit titre par titre les thèmes de l'album Biophilia ainsi que les instruments utilisés.
Moon, première chanson de l’album, utilise une séquence musicale répétitive pour symboliser la régularité immuable des cycles lunaires. L’instrument créé pour réaliser ces boucles n’est autre qu’une harpe gravitationnelle de 9 m de haut composé d’immenses pendules dont le mouvement est entretenu par l’attraction terrestre. Quel autre instrument pouvait être mis au point pour témoigner de l’influence de la terre sur la Lune et inversement qu’un gnomon ?
Thunderbolt traite de la foudre et utilise pour ce faire un teslacoil, sorte de cage de Faraday couplée à une basse. Le propos de cette chanson est de démontrer que la nature est musicale. En effet, Björk y décompose le son de la foudre qui selon elle n’est qu’arpèges et fait donc jouer cette série précise de notes isolées très exactement par la même foudre, bouclant ainsi une sorte de démonstration musicale des plus riches.
Cristalline, premier extrait de l’album, se propose d’évoquer la structure cristalline _ donc_ de tout solide et de manière plus globale, les changements d’état de la matière. C’est le gameleste, hybride entre gamelan et celesta qui sera chargé de retranscrire le tintement de deux cristaux s’entrechoquant. Des sons rappelant des échappements et ponctuant l’ensemble du titre symbolisent quant à eux les étapes de vaporisation et de sublimation permettant d’aboutir au gaz.
Cosmogony, quatrième titre de Biophilia, illustre la théorie pythagoricienne de l’harmonie des sphères selon laquelle chaque distance séparant deux planètes correspond à un intervalle musical particulier. La notion de cycle est ici importante pour évoquer la rotation entre les astres, mais également pour tenir compte de la naissance et de la mort qui dirige l’ensemble de l’univers. Ainsi, le chœur ouvrant le titre peut être vu comme la symbolisation d’un Big-Bang et sa fermeture comme un Big-Crunch fatal (je-ne-sais-pas-ce-qu’est-un-Big-Crunch-mais-je-m’en-vais-me-renseigner-illico-sur-wikipédia-pour-pouvoir-le-replacer-demain-à-la-pause-café-l’air-de-rien-en-sifflotant).
Dark Matter reprend l’idée d’univers évoqué précédemment par Cosmogony en s’intéressant cette fois-ci aux notions de vide et d’infini : la matière noire. La déstructuration musicale, notamment au niveau des associations, des gammes musicales utilisées et des dissonances jouées par l’orgue, crée un véritable malaise censé renforcer le sentiment de flottement, de solitude et d’apesanteur.
Hollow est tout aussi sombre que le précédent titre. Björk utilise ici la scansion d’un autre orgue pour symboliser l’assemblage des acides aminés composant l’ADN et par extension l’empilement complexe des briques constitutives du vivant. Pour symboliser cette folie édificatrice, la chanteuse a décidé de travailler sur la rythmique en alternant en rupture, mesures symétriques et asymétriques voire en employant des mesures rarement usitées (17/8 ; 9/4…). Ainsi, Hollow est le premier titre de l’album à évoquer le vivant et le biologique et annonce très logiquement les suivants qui s’écarteront de plus en plus de l’atomique.
Virus continue donc cette réflexion sur la vie, en explorant notamment la relation qui unit le parasite et l’hôte, le microbe et la cellule. Cette relation « amoureuse » ambiguë est symbolisée par l’entremêlement de différentes percussions (gameleste, cymbales, hangs…) qui alternent à la fois solos et juxtapositions, rappelant ainsi la mince frontière qui existe entre autonomie et dépendance. Virus est directement inspiré du candida dont a souffert la chanteuse et qui a failli lui coûter sa voix.
Sacrifice traite de la mise à mort chez l’animal. Cette offrande est ici évoquée une fois de plus par la structure musicale même qui utilise l’imbrication de deux phrases distinctes (l’une ascendante (dominant) l’autre descendante (dominé)), jouées par le même instrument (un sharpsicord, sorte d’orgue de barbarie couplé à un gramophone, le tout fonctionnant à l’énergie solaire). L’intervention de la rythmique soutenue au dénouement du titre symbolise quant à elle la mise à mort à proprement parler.
Mutual Core, avant-dernier titre de l’album, évoque la tectonique des plaques et les tremblements de terre qui en résultent. De manière très cohérente, ce titre est une alternance contrastée de calme et de furie, le tout réalisé dans une sorte de profondeur sourde très prononcée. D’un point de vue musical, Mutual Core traite d’intervalles harmoniques, le plus bel exemple se trouvant dans la phrase « to form a mutual core » durant laquelle Björk alterne accords mineurs et accords majeurs, cette alternance entre les deux modes se retrouvant tout au long du morceau pour marquer au mieux la dualité qui le définit.
Solstice enfin, qui illustre le rythme des saisons et le caractère immuable du cycle, trouve un écho dans le contrepoint rigoureux (figure musicale consistant en la superposition de deux lignes mélodiques distinctes) qui est la colonne vertébrale du titre et qui unit la voix si particulière de Björk et les harpes gravitationnelles qui ouvraient l’album sur Moon.
À noter de manière générale et sur l’ensemble de Biophilia que de nombreux passages sont entièrement palindromiques.
EN +
Pour ceux qui comprennent l'anglais : l'interview sonore de Bjork à propos de la conception de Biophilia.
Pour les autres, la traduction en français ici.
Des interview de Bjork concenrnant la création de Biophilia à lire :
-Les InROCKS par Stéphane Deschamp, publié le 20/09/201.
-L'Express par Gilles Médioni, publié le 14/09/2011.
Une vidéo pour découvrir les instruments de musique de Biophilia.
Je remercie DRSAPIRSTEINDVD pour la vidéo de Declare Independance, concertslive pour celle de Nattura et annabel69100 pour la vidéo de One Day.
Pour la photo de Bjork, merci au photographe LOLL WILLEMS, tous droits réservés. Lire l'article où j'ai pris la photo (Lyon MAG).
Merci à ce site pour les autres photos.